Pourquoi un Observatoire des égalités ?

La notion d’égalité formelle vise à garantir le même traitement devant la loi pour toutes les citoyennes et tous les citoyens. Elle est garantie par la constitution. Pour une égalité totale, il faudrait pouvoir vérifier aussi l’égalité réelle, c’est-à-dire qu’en plus d’avoir les mêmes droits, que tous les individus devraient avoir les mêmes capacités de les faire valoir. Aussi appelée égalité matérielle ou concrète, elle exprime le fait que tout le monde ait les mêmes conditions matérielles d’existence. Il s’agit en somme de l’égalité des chances.

Aucune société n’a atteint un niveau d’égalité parfait, mais celui-ci peut cependant constituer un idéal dans la mise en place des politiques publiques. D’autant que ces dernières années ont vu les inégalités augmenter aussi dans les pays les plus développés.

La mise en place d’une politique de rééquilibrage a été motivée par de fortes disparités observées entre les différentes provinces, le Grand Nouméa et l’intérieur du pays, les populations kanak et non-kanak. Dans sa dernière étude sur la pauvreté et les inégalités en Nouvelle-Calédonie, l’ISEE (2023) montre que le taux de pauvreté est de 20,8 %, soit 2,5 fois plus qu’en France hexagonal. Ce qui correspond à 56 000 personnes en dessous du seuil de pauvreté relatif. Par ailleurs, les 10% les plus riches ont des revenus 11,9 fois plus élevés que les 10% les plus pauvres, ce qui est également 3,5 fois plus élevé qu’en France où ce ratio est de 3,4. D’autant que ce rapport a augmenté significativement depuis la dernière étude de l’ISEE en 2008 où il était de 7,9.

Autrement dit, les inégalités de revenus continuent de se creuser. L’ISEE a montré également des disparités géographiques (par province, commune ou côte) importantes qu’il serait intéressant d’étudier en complétant avec d’autres types d’indicateurs ou d’analyses. Les chercheuses et les chercheurs du LARJE ont démontré à maintes reprises que ces inégalités sont fortement liées également aux disparités dans la réussite scolaire (Gorohouna 2011, Gorohouna et Ris 2013, Ris 2014, Chung 2020 etc.).

Afin d’approfondir et de compléter les analyses socioéconomiques avec d’autres disciplines, la création d’un Observatoire des égalités permet de suivre de façon régulière l’évolution des inégalités sur le long terme, sous toutes ses formes et d’en comprendre les déterminants afin de proposer des recommandations de politiques publiques.

Financé initialement par la Fondation de l’Université de la Nouvelle-Calédonie, l’Observatoire des égalités est rattaché au LARJE, Laboratoire de Recherches Juridique et Économique. Celui-ci travaille déjà depuis plusieurs années sur la question des inégalités dans leurs différentes dimensions (de la réussite scolaire à l’accès à l’emploi, l’accès au logement, etc.) pour toutes les catégories de la population (inégalités socio-économiques, de genre, d’âge, ethniques, etc.) et sur les mesures du rééquilibrage dans l’emploi et dans la formation.

L’Observatoire des égalités a pour ambition de travailler avec d’autres laboratoires de recherche pour couvrir l’ensemble des disciplines concernées par ces questions.

Les thématiques proposées

Les conditions de vie : accès au logement, transport, services, loisirs etc.
Le domaine socio-économique : niveaux de vie, question du genre ou ethnique
Le droit et la justice : la question des deux droits civils présents en Nouvelle-Calédonie, les questions des jugements et peines appliquées, etc.
La santé : l’accès aux soins, les questions génétiques, la prise en charge du handicap notamment
L’égalité face au changement climatique : droit de l’environnement, capacités de résilience, l’accès aux ressources naturelles

Les objectifs

Dresser un état des lieux régulièrement des inégalités dans les domaines précités ;
Comprendre les mécanismes à l’origine des inégalités, évaluer les politiques publiques sous l’angle de la réduction des inégalités ;
Diffuser largement les résultats de ces études, venir en soutien de l’aide à la décision des politiques publiques.

La méthodologie

Dans un premier temps, à partir de l’exploitation des données existantes mais à terme, l’observatoire pourra analyser les égalités et inégalités sous toutes leurs formes à partir de méthodes diverses :

Mener des enquêtes dans le but de produire des données qui n’existent pas à ce stade ;
La construction d’outils d’analyse et d’action innovants ;
Dispositifs de « testing » ;
Nouvelles mesures statistiques des inégalités ;
Mise en œuvre de diagnostics statistiques sur les écarts observés ;
Mise en place de protocoles de traitement anonyme des demandes, etc.